La surveillance est en retard dans ses rapports, son café est froid et l’administratif brasse de l’air. Une journée classique pour Heinrich en somme. Il ne laisse pas démonter loin de là. Cela signifie simplement qu’il a beaucoup à faire. Un challenge, voilà qui est toujours bon pour le moral. En plus, ce matin il a décidé de faire un petit exercice avec les troupes. Alors il revoit la cartographie du petit coin de forêt qu’il a choisit et peaufine les derniers détails. L’un des nouveaux de son équipe a encore un mal à réagir efficacement à la pression et a l’inattendu. Il va pouvoir le tester.

Il a prit une table disponible pour faire le point. Ensuite il convoquera ses troupes pour leur faire le point. L’exercice ce n’est pas l’idéal parce qu’il est toujours mieux de s’exercer en condition réelle… Mais en attendant, cette préparation peut quand même sauver quelques vies avec une prise de reflexe et de répétition. Il se racle la gorge, les bras posés sur la table au dessus de sa carte. Parfait. Tout y est.

- Jäger ?

Heinrich tourne la tête en entendant sa collègue Dita Sonberg, une femme âgée aux cheveux crépus l’appeler. Il lève la tête vers elle.

- Ary Sonford t’attend dans son bureau.

- Bien. J’arrive.

Avec sa dirigeante de la BSAD, Heinrich sait à quoi s’attendre, elle est une femme d’action. Le responsable de brigade range ses papiers dans sa pochette et se dirige vers le bureau en question. Il ne souhaite pas la faire attendre. Surtout qu’il ne sait pas l’urgence de la situation. S’il y a une opération capitale à accomplir comme empêcher un dragon fou de piétiner Füssen, ce n’est pas le moment de lambiner.

Quelques enjambés plus tard il tape à la porte et entre immédiatement. Il lève un sourcil de surprise quand il remarque Loscher. Un gratte papier de la section administrative. La mission n’est peut être pas tellement capitale finalement… Le blond se place à côté de son collègue avec une attitude plus détendue et assurée, non sans lui jeter un petit coup d’œil en guise et salut. Puis il reporte son attention devant lui.

- Cheffe, vous m’avez demandé ?

Ary entre immédiatement dans le vif du sujet. Tant mieux. Ils ont manifestement du pain sur la planche. La partie diplomatique revient à l’autre gus. Heinrich n’a aucune sympathie pour le directeur de l’université. Il faut plutôt une fiche mole pour parler avec lui. Loscher devrait faire le job parfaitement. Ensuite le système de surveillance à check oui. Le responsable d’équipe reconnait là la prévoyance d’Ary.

Les deux hommes observent leur supérieur sans mot dire, écoutant scrupuleusement les ordres. Un bureau encombré les sépare. Heinrich commence à bien apprécier ce qu’il entend, enfin un champ d’action sur l’université ce n’est pas trop tôt. Ils vont pouvoir commencer à travailler efficacement. Néanmoins, le quinquénaire n’y se trompe pas, la décision viens autant de l’inefficacité d’intervention de la brigade pendant l’été et une solution pour sauver les meubles que de la réelle dangerosité de la situation.

Quand sa cheffe s’adresse à lui pour donner ses directives il boit ses paroles. Et l’ultime preuve qui lui manquait tombe comme un couperet. Des étudiants sont impliqués. « Et bien voilà. Ses foutus reptiles… Pourquoi les éliminer ? Ils sont innocent blabla… Que des conneries politique tout ça. Il n’y a pas d’âge pour éventrer un humain quand on pèse 200kg et qu’on a des griffes comme des silex. » Bien sûr qu’il serait vigilant. Heinrich n’allait pas attendre une victime de plus pour tous les embarquer. Surtout que ses criminels ont apparemment déjà commis des méfais.

Les visages des trois individus glissent jusqu’à lui. Il fixa un quart de seconde son attention sur le dénommé "Shade Nendereo". En un sens il serait même intéressant que l’un d’eux commette un écart en sa présence. Heinrich aurait toute autorité pour l’arrêter et une preuve pour montrer la connerie de créer une école mixte.

- Bien, ce sera fait.

A peine sortie du bureau, Jui l’interpelle. Heinrich hoche la tête et fait de même. Il récupère son deagle qu’il glisse sous sa ceinture et récupère son portefeuille et ses clefs. Il prend son portable pour tenir au courant son équipe sur la route mais il tombe sur ses derniers messages. Il répond sobrement non sans sourire. Bien. Parfait, ils sont toujours sur la même longueur d’onde.

Puis il appel un collègue de la division sécurité. Pas le plus performant mais un gars bien, un Humain.

- Hofman ? Préviens Escher et les autres que je ne serais pas disponible aujourd’hui. Tu es en charges. Tu sais quoi faire ? … J’ai préparé un exercice. Je compte sur ton rapport mardi.

Il raccroche et croise dans le parking son associé pour la mission, déjà les bras ballant. Il lève un sourcil comme si la question ne se posait pas. Mais il fini par répondre de bonne grâce.

- Chacun son véhicule. Il faut que nous soyons mobiles. Surtout étant donné l’ampleur des tâches à réaliser. Vous avez déjà fait du terrain ?

La question est de pure forme, Loscher doit le sentir. Mais même s’il est contrarié par ce choix d’équipier, Heinrich doit bien composer avec, alors autant anticiper tout de suite les problèmes. Prenant naturellement le lead des opérations, il poursuit.

- Comme a dit Ari Sonford vous voyez pour le directeur, j’irais inspecter l’université. Nous verrons pour le dispatch des interrogatoires.

Et sans perdre plus de temps, le chef de division se dirige vers sa propre voiture.